Le dimanche 11 juin 2023

A propos de l’attaque d’Annecy

 

Comme tout a été dit, il faut maintenant dire ce qui n’a pas été dit.

Annecy, l’une des villes ou il est le plus agréable de vivre en France, est sous le feu des projecteurs depuis trois jours.

Il n’est probablement personne qui ignore le tragique fait divers qui a suscité émotions et réactions de manière surabondante.

Mais si l’émotion domine, prenons le temps de la réflexion sur les évènements et les protagonistes qui se sont succédé dans cette affaire, et il y a au moins trois points qui doivent être évoqués.

Tout d’abord, l’édile de la ville, dont c’est l’heure de gloire, au regard du nombre impressionnant et inespéré de caméras et micros qui se braquent vers lui.

François Astorg, maire EELV de la 42° agglomération française, sorte de sous-Eric Piolle un peu plus souriant, a été élu par le fait de 14 voix qui n’ont pas été à son adversaire et grâce à une alliance avec la candidate Macroniste. Un raz-de-marée électoral, incontestablement.

Il y a à peine trois semaines, François Astorg a suscité un premier moment de gloire, à la suite d’un banal évènement qu’il a monté en épingle pour sa communication personnelle : 30 jeunes nationalistes ont défilé nuitamment dans la ville endormie, sans casser de vitrine, sans faire de bruit, sans aucun trouble à l’ordre public, en chantant le chant des Lansquenets, que tout citoyen masculin, un peu âgé, ayant fait son service militaire fredonnait en faisant de l’ordre serré.

Branle-bas de combat chez BFM chez qui l’édile vient s’épancher, des trémolos dans la voix, affirmant qu’Annecy n’est pas l’endroit ou la bête immonde peut faire son nid ; rassemblant ses sicaires les plus déterminés, le voici qui organise derechef une manifestation contre le péril de l’ultra-droite ; entre 200 et 300 personnes, mélange de boomers et de loosers, de syndicalistes désœuvrés et de farfelus déconnectés viennent scander des slogans virils et autres « no pasaran » ; les médias présents sur place peinent d’ailleurs à trouver une cohérence parmi les participants qui évoquent pêle-mêle le coût de la vie, la réforme des retraites et autres revendications hétéroclites.

Fier de sa contre-révolution à bon compte, le maire peut repartir se préoccuper de l’engazonnement de la ville, de sa lutte contre le réchauffement climatique, les heures les plus sombres de l’histoire ne feront plus halte dans sa belle ville.

Mais alors qu’il avait scandé, martial, tweet à l’appui : « Annecy est une terre de résistance aux fascismes, une terre de solidarité, une ville-refuge pour celles et ceux qui fuient la guerre, la misère et le malheur dans le monde. », l’imprévisible est arrivé. Comme maire, il n’est pas terrible, mais comme oracle, il est franchement nul, quand on voit ce qui s’est passé le 8 juin !

Après ces évènements, les sanglots longs de François Astorg, en ce début de juin, n’ont suscité qu’une langueur monotone, tandis que la population s’effrayait à juste titre qu’un étranger en situation irrégulière puisse impunément attaquer des citoyens paisibles dans un endroit touristique et surtout en bas de chez eux.

Donner du crédit et de la consistance au discours de l’esssssstrêêêême drouhââââte ? Pas question. Alors, on sort le grand jeu, et c’est le second point.

Dans l’après-midi, on expédie le premier ministre et le ministre de l’intérieur, avec des têtes de circonstance - qui ne changent d’ailleurs pas beaucoup de celles qu’ils font tous les jours – aller exprimer leur soutien, leur solidarité, et bla bla bla, se faire recevoir en grande pompe, au cœur d’un dispositif de sécurité dithyrambique, pour repartir aussi sec, en ayant reçu entre temps les hommages empressés des élus locaux qui se sont dépêchés d’annuler leurs engagements pour venir se montrer sous l’œil de caméras complaisantes. Seul, un courageux conseiller régional a eu le cran d’interpeller fermement, mais courtoisement, le premier ministre en l’interrogeant sur la raison pour laquelle un interdit de séjour séjourne chez nous. Hop, prestement, le pacifique élu est évacué par de zélés policiers en grand nombre, soucieux de bien préparer leur entretien annuel d’évaluation.

Comme il est évidemment hors de question de laisser la population spontanément venir manifester son désarroi, et surtout sa colère devant le produit du laxisme de nos politiques, le préfet édite instantanément une interdiction de tout rassemblement sur les lieux du délit. Il s’ensuit donc une situation absolument cocasse ou l’on dénombre à proximité du lieu du drame, plus d’une centaine de policiers surarmés (ceux d’ailleurs qui n’étaient pas là lors de l’attaque), une cinquantaine de journalistes désœuvrés, le micro pendant et la caméra en berne, et trente jeunes gens qui, bravant l’interdit ont chanté une marseillaise après avoir défilé derrière un drapeau français et fait une déclaration sur les lieux du drame.

Ouf, le péril brun est évité !

Mais attention, tout ceci ne suffit pas, et il convient de sortir le grand jeu ; la populace n’est pas rassurée et continue à épancher ses craintes : Alors, le président lui-même est annoncé sur place dès le lendemain matin. Triplons, voire quadruplons le dispositif de sécurité ; après tout, c’est le contribuable qui paye ! Ne laissons pas la bête immonde se saisir de l’affaire et noyons le poisson dans des larmes de crocodile !

Quand le président arrive, au bras de sa professeur de théâtre depuis trente ans, ils sont TOUS là ! Les fonctionnaires, les parlementaires, les élus, les chefs de service, les responsables de bureau, les chefs, les sous-chefs, les titulaires, les contractuels, les intermittents aussi, pourquoi pas, ceux qui savaient et ceux qui ne savaient pas, ceux qui passaient et ceux qui étaient là, unis dans une fervente communion républicaine.

Il y a dans cette attaque, moins d’une dizaine de personnes qui ont permis que le drame ne soit pas plus tragique : Henri, l’employé de la compagnie des bateaux, le retraité blessé, les quelques policiers qui ont maîtrisé le clandestin, et quelques autres.

Mais non, on ne va pas s’arrêter là : on bourre la salle de la préfecture de gens à remercier : policiers nationaux, ambulanciers, personnel soignant, militaires du 27° BCA, policiers municipaux, pompiers, pilote d’hélicoptère, employés de la préfecture ; ça déborde ! Et c’est à cet aréopage que le président, des larmes dans la voix exprime sa fierté de la qualité du travail accompli. Ah bon ? Ils ont juste fait leur boulot, ni plus, ni moins ; dans ce cas, pourquoi ne pas avoir convié aussi le cafetier, le boulanger et le boucher du coin ? Eux aussi ils ont fait leur travail ! Et le mécanicien de l’estafette de gendarmerie !

Et pendant le défilé, alors que le président essayait de bien paraître devant chacun de ses interlocuteurs, n’ayant pas reçu de fiche décrivant qui il rencontrait, on assistait à des numéros exceptionnels de contorsion. En effet, nos députés, qui étaient en séance hier au palais bourbon, ont rappliqué ventre à terre pour s’assurer que leur veulerie soit présente à l’évènement ; on voit ainsi Antoine Armand se tortiller pour rester visible dans le champ de la caméra, Lionel Tardy déployer sa silhouette dégingandée pour être visible au-dessus de la mêlée, et tous les autres hocher la tête avec conviction dès que le président profère une banalité, ce qui d’ailleurs arrive souvent. Leurs comptes twitter crépitent, c’est l’heure de gloire ! Martial Saddier, l’homme de la situation, offrira un ours en peluche au président ! On est à Annecy au 21° siècle !

La frénésie se poursuivra devant les caméras ou les élus se succèdente et persistent à se vautrer dans la description du mal que cause l’ultra-droite, le retour à 1934, et à s’occuper, cyniquement de leur communication personnelle, suffisants dans leur attitude, insuffisants dans leurs arguments.

On répétera la mascarade dimanche matin, ou une sorte de pseudo-cérémonie (accessoirement qui n’a pas été autorisée par la préfecture, puisque le délai nécessaire est de trois jours, mais passons) avec discours liquoreux et insipide, boite à musique, chanson de Juliette Greco et marseillaise neurasthénique, apparemment totalement ignorée de l’assistance à nouveau totalement hétéroclite.

Revenons cependant vendredi à la préfecture : C’est à ce moment qu’arrive probablement le moment le plus remarquable de l’affaire d’Annecy, et c’est le troisième point ; non que l’attaque ne soit pas l’essentiel, mais hélas, le laxisme, l’absence de volonté de nos politiques laisse à penser qu’il y aura d’autre événements, encore et encore.

Non, l’essentiel, c’est le face à face entre Emmanuel et Henri.

Emmanuel le mal-prénommé et Henri, le providentiel.

Le costard face au T-shirt floqué du drapeau français , le sourire de convenance face à l’illumination d’un visage épanoui, le vide face à la profondeur, la sophistication superficielle face à la spontanéité, le verbe fumeux face au langage du cœur.

Tout, absolument tout, oppose ces deux hommes.

Le président commence mal : «  et vous, jeune homme, vous travaillez avec monsieur ? » ; on attendait mieux comme entrée en matière ; on aurait dû demander à ChatGPT, le résultat aurait été plus pertinent !

Les questions hachées, hésitantes du président n’ont aucunement désarçonné la spontanéité du jeune Henri, tête haute, regard clair, élocution fluide, qui nous a gratifié d’une profondeur que personne n’a jamais ressenti chez le président du « en même temps ».

Quelques heures auparavant, Henri avait été interviewé par BFM qui, sans vergogne, est venu à 6 heures du matin frapper au domicile des amis qui l’hébergeaient pour lui extorquer une interview.

C’est Bruce Toussaint, le mal-nommé, qui s’y est collé et qui avec candeur – en fait probablement de la bêtise – s’est étonné de la réaction immédiate de Henri sur la scène de l’attaque. Bruce lit le latin ? Sans doute pas, parce que s’il le lisait, il lirait sur l’épaule des scouts, la devise qui figurait là ou figure aujourd’hui le drapeau français chez Henri : « Semper Parati », Toujours prêt !

Henri a agit parce qu’il était prêt.

C’est si simple !

Il était prêt car dans sa famille, il n’est pas certain, mais il est certainement probable que lorsqu’il était enfant, sa mère lui ait confectionné un habit de mousquetaire, une armure de chevalier ou une tenue de pompier, là ou d’autres habillent leurs fils de jupes, les inscrivent à des cours de sexualité dispensés par des drag-queens ou apprennent à déboulonner les statues de Jehanne d’Arc ou de l’Archange Saint-Michel,

Il était prêt car il écoutait son Grand-père, Saint-Cyrien, général de corps d’Armée, lui raconter les guerres de son propre père, Saint-Cyrien , général d’Armée,

Il était prêt car dans sa famille, on se bat depuis des années, comme François d’Anselme, le cousin de son aïeul, qui a combattu pendant la guerre d’indépendance aux amériques,

Il était prêt car sa famille est issue de la noblesse française qui puise son idéal dans la chevalerie ou l’on défend le plus faible et l’on protège l’innocent,

Il était prêt car comme scout, puis chef scout, il sait utiliser les boussoles qui donnent le bon cap et transmettre son savoir à ses camarades plus jeunes,

Il était prêt car comme catholique, il est attaché à la défense de la vie,

Il était prêt car ses études de philosophie lui ont appris à utiliser son intelligence pour alimenter son discernement et chercher la vérité, lorsque tant de jeunes de son âge restent avachis, la play-station dans une main, le smart-phone dans l’autre,

Il était prêt parce que comme il l’a expliqué à Emmanuel abasourdi, il s’alimente dans la contemplation des cathédrales, qui sont la trace indélébile que nos anciens ont voulu nous laisser pour les siècles des siècles,

Et, dans la France dont on nous dit qu’elle est Charlie, il y a beaucoup plus de Henri que l’on ne croit.

Sachons les trouver et les encourager.

#MerciHenri


Guy de Plinval, délégué Reconquête!74